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L'enfant triste
Il arrivait le matin en pleurant. Il n'y avait plus
que lui qui pleurait après deux mois de rentrée en petite section. Il
s'accrochait à sa mère dans le couloir. De quoi pouvait-il avoir si peur ?
Lorsque sa mère partait en le laissant aux soins de la maîtresse, ses pleurs
s'arrêtaient. Mais ce n'était pas pour autant qu'il se comportait comme les
autres enfants de son âge. Il restait là debout contre la porte. Il ne
voulait pas retirer son manteau.
Au départ, la maîtresse s'était fâchée :
- Allez, tu vas poser tes affaires sur ton porte-manteau comme les
autres.
- Non, répondait l'enfant.
Elle comprit très vite que jouer la carte de l’autorité avec cet enfant serait
inutile. Alors, elle décida de le laisser tout en venant le voir
régulièrement.
- Veux-tu venir avec nous sur le banc ? demandait-elle gentiment.
- Non, faisait-il de la tête.
L’enfant ne disait plus rien, ne bougeait plus.
Il s’enfermait dans un immobilisme incroyable. Cette situation
durait quasiment une heure et demie. Les autres enfants jouaient pendant
ce temps, ils chantaient et faisaient des activités physiques. Lui, il restait
contre cette porte. Espérait-il ainsi que sa mère revienne plus vite ?
Quand l’heure de la récréation arrivait. Il devenait
un enfant presque comme les autres. Il acceptait de sortir. Toutefois, il ne
jouait pas avec les autres enfants, il restait près de la maîtresse et mangeait
son goûter.
Les choses changeaient radicalement au retour de la
récréation. Là, tout seul, il quittait son manteau. Il s’asseyait sur le banc
avec les autres. Il participait même aux activités proposées. La maîtresse
profitait alors de l’occasion pour le féliciter. Elle apercevait alors un
léger sourire sur ses lèvres. Elle aurait aimé que ses mots d’encouragements
portent ses fruits, mais c’était en vain. Le lendemain, il revenait en pleurs.
Quand elle lui demandait
- Tu n’es pas plus content d’avoir travaillé comme les autres ?
- Non, hochait-il de la tête.
La maîtresse n’en croyait pas un mot. Comment un
enfant pouvait-il être plus heureux en restant plus d’une heure contre une
porte alors que les autres jouaient. Pourquoi s’excluait-il ainsi ?
Quelle stratégie fallait-il mettre en place pour que les choses changent.
Le temps allait-il pouvoir panser les plaies de cet enfant ?